Les mains du prince

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Dans le droit romain, la manus indique la puissance accordée au père et au chef de famille. Elle exprime l’idée de force et de possession. La main fait partie du vocabulaire juridique et donc mental des Romains ; c’est peut-être la raison pour laquelle les historiens et les biographes se montrent très attentifs aux mains des empereurs. Ces dernières semblent posséder leur autonomie et révéler des tempéraments. Tantôt métonymie du bon gouvernement, tantôt miroir de la tyrannie, les mains laissent deviner la teneur d’une politique. Les mauvais princes abusent de leur force, se perdent en gesticulations, s’abandonnent à toutes les formes d’adulation et de mollesse : leurs mains en témoignent. Les bons princes, quant à eux, comprennent les enjeux de la « chironomie », cette loi de la main énoncée par Quintilien : ils disciplinent leur main et la rendent secourable. Pour renforcer cette démarcation, les dieux se servent des mains comme messagères à travers les prodiges, les rêves, les statues et les sacrifices. Les empereurs et leurs mains se retrouvent alors au contact de la divinité, pour le meilleur et pour le pire.

In Roman law, the manus indicates the power granted to the father and the head of the family. It expresses the idea of force and possession. The hand is part of the legal and therefore mental vocabulary of the Romans, which is perhaps why historians and biographers are very attentive to the emperors’ hands. The latter seem to have their autonomy and reveal temperaments. Sometimes as a metonymy of good government, sometimes as a mirror of tyranny, hands suggest the nature of imperial policy. On one hand, bad princes do the wrong gestures, abuse their strength, abandon themselves to all forms of adulation and mollitia: their hands bear witness to this. Good princes, on the other hand, understand the issues of « chironomia », the law of the hand enunciated by Quintilian. They discipline their hands and make them helpful. To strengthen this demarcation, the gods use the hands as messengers through omens, dreams, statues, sacrifices. Thus emperors’ hands find themselves in contact with the divinity, for better or for worse.

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