21 septembre 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Hervé Inglebert, « Les statues dans l’espace public et dans l’espace privé », Publications de l’École française de Rome, ID : 10.4000/books.efr.41397
Inspirée de la Bible, la réflexion sur l’attitude à adopter envers les statues est attestée dès 200 chez les juifs et les chrétiens. Elle les conduisit à rejeter les images tridimensionnelles hors de la sphère religieuse, mais à y accepter les images bidimensionnelles figurées, ainsi qu’à tolérer la présence des statues dans l’espace public civique et impérial. De même, le Coran condamna les représentations plastiques assimilées aux idoles et les musulmans étendirent ensuite cette interdiction aux images figurées bidimensionnelles dans le domaine religieux et politique, tout en les acceptant dans la sphère privée. Néanmoins, d’autres traditions tardo-antiques, culturelles et politiques, valorisaient les statues. La comparaison de l’usage des statues dans diverses aires permet, au-delà des problèmes classiques de l’interdit religieux et de l’iconoclasme, de retracer la géographie sociale du licite et de l’illicite à travers le regard porté sur les statues. En particulier, les statues absentes manifestent les limites des habitus culturels.