5 avril 2024
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Sophie Petit-Renaud, « Clameur et complainte dans le discours législatif royal à la fin du Moyen Âge », Publications de l’École nationale des chartes, ID : 10.4000/books.enc.9656
Au xive siècle et pendant un siècle et demi, la plainte politique est exprimée dans les ordonnances royales par la clameur. Celle-ci – prise de parole conflictuelle sur le mode du ressentiment, dénonciation collective des abus – est potentiellement subversive et peut être une étape vers la sédition. Elle est donc neutralisée et canalisée dans le discours législatif. La clameur instrumentalisée devient ainsi un élément du discours de réformation ; elle permet de transformer les oppositions en consensus autour des décisions royales et de signifier que le souverain, averti des injustices et en phase avec l’opinion, a agi en conséquence. À partir du milieu du xve siècle, une fois les crises passées, les ordonnances font état de la clameur de manière résiduelle. Elle est remplacée par la remontrance et la doléance dans le cadre d’un dialogue plus respectueux de l’autorité royale.