30 janvier 2014
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Catherine Delmas, « Soif de déserts : découverte ou désir d’Orient ? », ENS Éditions, ID : 10.4000/books.enseditions.784
Le désert est-il de l’ordre de l’irreprésentable ? À la mimesis, à la tentative de représentation réaliste, il oppose en effet son étendue, son ouverture, sa vacuité. Mais ce faisant, il excite et exaspère la pulsion d’écriture. Parce que l’expérience du désert est une expérience limite, mais surtout parce que le lieu même est essentiellement insaisissable, le désert reste toujours à appréhender, à décrire, à dire. Il est un défi permanent. Et le voyageur qui l’aborde est à la fois démuni et trop armé, en ce qu’il voit inévitablement le désert à travers la stratification de tous les textes qui ont tenté de le dire, à travers toutes les images déjà reçues, qui codent et orientent la perception avant même que le regard ne s’y pose. Oasis et Éden, mais aussi enfer et apocalypse, le désert est moins un lieu univoque que la scène de cette tension de tous les sens, un feuilleté de perceptions ou un croisement d’intensités. Et c’est cette énergie déployée à saisir l’insaisissable que rend au mieux une lecture deleuzienne comme celle offerte ici.