7 septembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Georges Serpantié et al., « La gestion du risque érosif cyclonique par les Tanala (Madagascar). Opportunités et limites des techniques traditionnelles pour l’adaptation au changement climatique », IRD Éditions, ID : 10.4000/books.irdeditions.13121
Les Tanala, paysans de l’Est de Madagascar, pratiquent une agriculture temporaire sur défriche-brûlis appelée tavy, généralement perçue comme une cause directe et principale de l’érosion du sol. Les enregistrements climatiques récents et les projections semblent montrer un accroissement de l’activité cyclonique, facteur d’érosion et d’inondations, justifiant d’élaborer des stratégies d’adaptation. Supposant que le tavy comportait une stratégie pour faire face aux contraintes érosives et d’inondations, nous avons cherché à étudier les sols et processus d’érosion, les pratiques agricoles, et les savoirs locaux dans deux terroirs villageois choisis selon l’importance des reliques forestières. Une bonne cohérence a été trouvée entre le risque érosif et les pratiques, aux échelles parcelle et paysage, révélant une gestion de la vulnérabilité à travers les « services du paysage », le choix des sols, et des pratiques précautionneuses. Les interviews des paysans et la collecte de leurs classifications confirme la profondeur de leur savoir sur leur environnement. Mais à long terme, et sous pression de la population, les dernières forêts disparaissent, des écosystèmes dégradés apparaissent, et l’érosion s’accroît. Ce savoir est désormais moins opérationnel. La politique de conservation ou de restauration forestière actuelle apparaît seulement partiellement cohérente avec cette gestion locale du paysage. Afin de faire face à la fois aux changements de population et de climat, maintenir mais améliorer le système tavy sur pentes fortes et intensifier le riz de basfond sont justifiés en tant que principaux moyens de subsistance. Renforcer la conservation ou la restauration communautaire des forêts de sommets et des agro-forêts de bas de pente est justifiée pour assurer des services environnementaux locaux, régionaux et globaux, et des productions commerciales. Une diversification des moyens de subsistance est aussi nécessaire.