19 novembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Loup Amselle, « Les usages politiques du passé », IRD Éditions, ID : 10.4000/books.irdeditions.16565
Réforme administrative éminemment moderne, impulsée notamment par les bailleurs de fonds étrangers, tant internationaux que nationaux, au nom de la bonne gouvernance, la décentralisation mise en œuvre au Mali depuis quelques années n’a pu faire l’économie d’un enracinement dans le terroir africain. À ce titre, la lecture faite par Souleymane Kanté, le fondateur du mouvement N’ko, des formations politiques médiévales et notamment de l’empire du Mali, s’est révélée pertinente pour enraciner dans le terroir malien une réforme qui concerne au premier chef les avatars coloniaux et post-coloniaux de l’État dans ce pays. Bien que le schéma d’analyse proposé par le N’ko n’ait pas été officiellement avalisé par le gouvernement malien, il a inspiré directement la Mission de décentralisation dont les cadres les plus marquants appartenaient au mouvement. Et même si l’État malien, qui se veut également un État moderne, a répugné à se laisser enfermer dans un schéma historique rigide, le paradigme impérial décentralisé proposé par le N’ko demeure un élément central de discussion pour l’élite politique et culturelle de ce pays.