19 novembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Dominique Masse et al., « Chapitre 19. Valorisation agricole des déchets domestiques et industriels dans les agrosystèmes en Afrique de l’Ouest et à Madagascar », IRD Éditions, ID : 10.4000/books.irdeditions.24282
L’urbanisation croissante des pays du Sud entraîne une place importante des agricultures urbaines ou péri-urbaines, répondant à la demande alimentaire et créatrice de richesse et d’emploi. Ces villes produisent également d’importantes quantités de déchets domestiques ou autres produits résiduaires organiques issues des industries agroalimentaires qui constituent un enjeu environnemental (pollution) et économique (coûts de traitements élevés). Relativement riches en éléments fertilisants pour les sols, ces déchets sont une opportunité pour améliorer durablement la production agricole et la qualité des sols cultivés, notamment aux abords des villes.Depuis 2006, des équipes pluridisciplinaires en Afrique subsaharienne mènent des travaux de recherche sur le compostage de déchets urbains et l’utilisation des criblés de décharge municipale au Sénégal, au Burkina Faso et à Madagascar. Ce chapitre a pour objectif de faire le point sur les connaissances acquises à partir de ces expériences.À Ouagadougou, différents composts de déchets urbains ont été testés sur des cultures de sorgho. L’apport de compost a significativement augmenté les rendements (de 2 à 5 fois par rapport à un témoin) au cours de deux années culturales. L’analyse par régression linéaire entre les rendements obtenus et les caractéristiques des composts a mis en évidence l’importance de leur teneur en phosphore, notamment lorsque les apports de ces intrants organiques sont concentrés au niveau des plantes. En revanche, lorsque les apports sont épandus sur la surface de l’unité expérimentale, le taux de minéralisation (90 jours) mesuré en laboratoire a déterminé le rendement du sorgho.Les criblés de la décharge municipale constituent des gisements de produits organiques. Des expériences menées à Madagascar, l’une pour la culture de tomate en condition paysanne et l’autre en station, ont clairement montré que le terreau issu de l’ancienne décharge d’Andralanitra, malgré son caractère très minéralisé et sa relative pauvreté, était un produit qui pouvait avoir une valeur d’amendement, voire de fertilisant. Il convient cependant de définir les principes d’apport et de s’assurer de l’innocuité totale de ce produit. En revanche, des criblés de la décharge municipale de Dakar testés sur des cultures de tomate n’ont pas permis d’égaler les rendements obtenus avec des apports de fumier de cheval. Les faibles teneurs en matière organique et en azote de ce produit pouvaient expliquer l’absence d’effets pour cet essai mené en périphérie de Dakar.L’effet des divers intrants organiques sur la production végétale est apparu très variable en fonction des situations. Il semble donc nécessaire de caractériser les propriétés d’un produit organique potentiellement valorisable et de confronter ces propriétés à celles des fertilisants ou amendements organiques utilisés dans les systèmes de culture. Seule cette condition garantira la réussite d’un projet de valorisation agricole des déchets municipaux ou industriels.