8 octobre 2013
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Chiara Alfieri, « Vivre et penser la nature chez les Bobo-Vore (Burkina Faso) », IRD Éditions, ID : 10.4000/books.irdeditions.4071
Chez les Bobo-Vore du Burkina Faso, les terroirs villageois sont structurés par des puissances et notamment par Saga, la Brousse, qui s’occupe de la gestion de la nature dans tout son ensemble. Dans leurs rapports à la nature, les hommes se réfèrent constamment à ce système de lois, d’interdits, de codes, de règles et de savoirs qui émanent de cette entité. La brousse, dans toute sa complexité, est effectivement considérée comme un patrimoine, dans le sens que tout cet ensemble juridique est pris en compte et appliqué par l’homme afin de préserver l’intégrité et la productivité de la Terre pour la transmettre intacte aux générations futures. Outre ces propriétés, le complexe de la brousse a celle de suivre les découpages entre territoires détenus par des groupes distincts et de se subdiviser en autant d’autels secondaires, à raison d’un autel par territoire. Ces territoires ainsi contrôlés par Saga, et aussi par d’autres puissances mineures, peuvent accorder un certain nombre de requêtes de la part de l’homme. En effet, pour tout prélèvement des espèces végétales, par exemple, il faut passer par ces entités naturelles qui gèrent ces espaces. Ces entités sont représentées par des autels, qui sont aussi lieux de culte et qui sont entretenues par des représentants. Ces représentants sont des personnes « particulières », formées à ces charges et qui relèvent de familles particulières du village. Le chef de brousse, Kongo masa, et le chef de village, Koule bwo (tous deux porteurs, à des degrés divers, de nombreux traits relevant de la royauté sacrée), les sacrificateurs de la brousse, sagakin, et les maîtres de la pluie, constituent tout un ensemble faisant système avec le complexe de la brousse. Ce texte décrit en détail le fonctionnement des différentes institutions bobo-vore liées à la conservation de la nature et souligne comment ce complexe global relève d’un système symbolique dense et cohérent.