8 octobre 2013
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Bernadette Dossou et al., « Le rôle et la participation des femmes dans le processus de conservation in situ de l’agrobiodiversité au Burkina Faso », IRD Éditions, ID : 10.4000/books.irdeditions.583
Le concept de conservation in situ de l’agrobiodiversité est en pleine expérimentation au Burkina Faso. Afin de déterminer le degré d’implication et de participation de la femme dans ce processus, une étude a été menée. Ainsi, des enquêtes auprès de 48 hommes et 109 femmes ont été réalisées dans les localités de Médéga, Tougouri, Gourga, Pobé–Mengao, Ouahigouya. Les données issues de l’enquête sont complétées par des observations directes dans les champs, greniers, cuisines, marchés, lieux de transformation des produits agricoles, etc. Il ressort des investigations que la femme est impliquée dans le processus de conservation in situ et ceci à plusieurs niveaux : Sélection variétale : la femme a un grand pouvoir de décision dans la sélection et le maintien des variétés de gombo et d’arachide dans toutes les localités enquêtées ; elle intervient moyennement pour le choix des variétés de mil et de sorgho ; cependant, le pouvoir de sélection variétale de la femme est faible pour le niébé et nul pour le fabirama (pomme de terre mossi). Participation des femmes aux travaux champêtres : la femme est très impliquée et y consacre 70 % de son temps à réaliser divers travaux : elle assure pour le labour (30 à 45 %), le semis (95 %), le sarclage (40 %), le transport des produits (45 %), le décorticage (90 %), le stockage (80 %). On constate avec ces chiffres que l’on retrouve la femme sur toute la chaîne de production. Participation des femmes à la transformation et commercialisation des produits agricoles : les produits agricoles sont transformés dans 95 % des cas par la femme. C’est elle qui donne aux produits agricoles une certaine valeur ajoutée quoique les procédés utilisés soient encore artisanaux. Elle y gagne des revenus monétaires non négligeables. La commercialisation des produits agricoles est assurée à la fois par la femme et l’homme. Remarquons cependant que les hommes s’investissent plus dans la vente en gros et demi-gros. La vente au détail est à 95 % assurée par les femmes. Très souvent, les femmes et les hommes achètent, stockent et revendent les produits pendant les périodes de soudure, ce qui leur procure plus de bénéfices. Conservation des semences et grains : la femme connaît et respecte les règles de conservation : plantes et autres substances de conservation des semences, choix adéquats des meilleurs contenants et de la bonne période lunaire ; tout en respectant des interdits, la femme garantit la tradition et transmet ce savoir-faire de générations en générations. La femme burkinabé associe culture, économie et environnement pour tirer de la conservation in situ des bénéfices directs et indirects (argent, épanouissement social, protection de l’environnement, sécurité alimentaire, etc.).