12 décembre 2017
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Kenny K. K. Ng 吳國坤, « The Resurrection of Female Ghosts from Classical Chinese Opera and the Hollywood Tradition in Cantonese Cinema », Presses de l’Inalco, ID : 10.4000/books.pressesinalco.1706
Avec l’apparition de la censure au cinéma administrée par la bureaucratie culturelle à Shanghai dans les années 1930, le film d’horreur chinois est devenu tabou parce qu’il était sensé répandre superstitions et croyances « féodales ». Le régime communiste, à partir de 1949, a sanctifié le cinéma d’État en exorcisant les éléments démoniaques de l’écran, tout en réservant l’étiquette malveillante d’esprits maléfiques à ses ennemis de classe idéologiques. Les êtres surnaturels et esprits chinois errants, si mal accueillis, n’eurent d’autre choix que de se réfugier dans le cinéma de Hong-Kong, où ils s’enracinèrent et prospérèrent, en particulier dans les films cantonais. Le cinéma de fantômes cantonais est un genre hybride puisant dans les mythes et la magie du répertoire de l’opéra chinois ainsi que dans le gothique et le films d’horreur de Hollywood, mêlant action du kungfu, sexualité érotique et terribles bains de sang à l’étrange et au macabre. Dans une zone floue peuplée d’humbles personnages de zombies, d’exorcistes, de vampires, de sorciers, de reines acéphales et de têtes volantes, on trouve une représentation puissante de l’« héroïne fantôme » qui retourne obstinément vers le monde des humains pour y prendre sa revanche, rendre justice et susciter un amour fatal. Cet article est une étude préliminaire des films de fantômes cantonais des années 1950 et 1960 à travers quelques exemples, dont Un beau cadavre ressuscité (《豔屍還魂記》de Li Chenfeng (李晨風), 1956), appropriation populaire cantonaise du célèbre Pavillon des pivoines (牡丹亭) de Tang Xianzu 湯顯祖, et la nuit hantée (《回魂夜》de Zhang Ying (張瑛), 1962), supposément inspiré d’Alfred Hitchcock.