Brunei : des sources lacunaires à l’historiographie d’État

Résumé Fr En

En dépit du manque de sources matérielles et textuelles, les souverains du Brunei ont soutenu la rédaction d’une histoire du sultanat dès les années 1950. Après une première tentative en 1958, les turbulences politiques ont fait que le projet de constitution d’une histoire nationale n’a repris qu’une décennie plus tard. Dans les années 1969‑1986, le Musée de Brunei assure 60 % de la production historique des Brunéiens ; l’écriture de l’histoire du Brunei demeure toutefois majoritairement aux mains des Occidentaux, qui représentent quelque 90 % des pages publiées sur le sujet. Après 1986, le Pusat Sejarah (Centre pour l’histoire) devient le principal acteur d’une réécriture de l’histoire, au croisement d’une généalogie faisant du souverain le descendant du Prophète et d’une origine funanaise.

In spite of the lack of material and textual sources, Brunei’s kings supported the drafting of a history of the sultanate as early as 1950. After a first attempt in 1958, political turbulences halted the making of a national history, which restarted only one decade later. From 1969 to 1986, the Brunei Museum ensured 60 % of Bruneians’ historical works; however, the historical research on Brunei remained mainly in the hands of Westerners, who produced some 90 % of the pages published on the topic. After 1986, the Pusat Sejarah became the main actor of a rewriting of history, through the juxtaposition of a Funanese ascent and a genealogy showing the sovereign as the descendant of Prophet Muhammad.