1 février 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Olivier Mattéoni, « Service du prince, fonction châtelaine et élites nobiliaires dans la principauté bourbonnaise à la fin du Moyen Âge », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.12297
À la fin du Moyen Âge, dans les territoires des ducs de Bourbon, l’institution châtelaine joue un rôle essentiel dans la maîtrise de l’espace et le contrôle des hommes. La militarisation et la politisation de la fonction qui s’amorcent à partir de la seconde moitié du xive siècle, à la faveur des troubles de la guerre de Cent Ans, transforment le châtelain en « capitaine-châtelain ». À ce titre, il procède à la levée du ban et de l’arrière-ban, ce qui lui permet de contrôler les nobles du mandement. Dès lors, la fonction apporte à son détenteur autorité et pouvoir. D’où l’intérêt des nobles pour la charge. L’étude prosopographique montre, en effet, que la population châtelaine a été majoritairement nobiliaire (plus de 70 % de nobles sur l’ensemble de la période). Une étude plus précise révèle que la part des nobles atteint son apogée sous les principats de Charles Ier (1434-1456) et de Jean II (1456-1488). En même temps, le niveau social des nobles retenus s’est élevé. Le contexte politique, qui voit les ducs de Bourbon s’opposer à plusieurs reprises au roi de France, n’est sans doute pas étranger à cette évolution. En confiant massivement la direction et le contrôle des châtellenies à des nobles, souvent de leur Hôtel, les ducs semblent donner l’impression d’avoir voulu fidéliser davantage une noblesse qui n’était pas toujours insensible aux sirènes royales, en particulier durant la Praguerie ou la guerre du Bien public. Toujours est-il que la forte présence nobiliaire au sein de la population châtelaine atteste d’une adéquation entre les compétences militaires des nobles et le profil de la fonction. Le milieu social débouchait sur un type de carrière. À ce titre, l’office de capitaine-châtelain a pu s’avérer à bien des endroits un facteur de renouvellement des élites nobiliaires.