18 septembre 2019
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Wladimir Berelowitch, « Catherine II autoportraitiste : l’auto-invention d’une monarque », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.33775
Catherine II, qui régna en Russie de 1762 à 1796, laissa un ensemble de manuscrits inachevés, rédigés en français, qui composent ses Mémoires. Gardés secrets par ses successeurs jusqu’au début du xxe siècle, lorsqu’ils furent publiés, ils posent avant tout la question de leur destination : l’impératrice cherchait-elle à se justifier et à laisser à la postérité (peut-être à son fils et dauphin Paul) sa version et son interprétation des faits souvent dramatiques qui aboutirent finalement à la destitution et à l’assassinat de son époux et souverain légitime Pierre III ? Un examen attentif de ces textes montre que la mémorialiste construisit son œuvre un peu à l’imitation de Plutarque, la vie de Pierre III jouant ici le rôle d’un parallèle négatif à celle de Catherine. Dans une vision très machiavélienne de la politique, celle-ci légitime son ascension et sa prise du pouvoir, autrement dit la réalisation de ses intérêts, par les qualités dont elle était dotée naturellement, et qu’elle sut mettre à profit grâce à sa « philosophie » et à la lecture des Anciens.