14 décembre 2017
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Hugo Naccaro, « Le phénomène Proto-Élamite et la construction archéologique de la révolution proto-urbaine en Iran du Sud-Ouest », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.6733
Le tournant des IVe et IIIe millénaires avant J.-C. en Iran du sud-ouest est marqué par une révolution majeure : celle de l’apparition de l’État et de l’écriture. Elle est plus précisément la période d’aboutissement de la révolution proto-urbaine, résultat d’un long processus, commencé dès le Ve millénaire.Le terme « proto-élamite » a été, dans un premier temps, une dénomination issue de la philologie. Il permettait de définir une écriture différente de la tradition sud mésopotamienne qui apparaît à la toute fin du IVe millénaire en Iran du sud-ouest. Cette dénomination a par la suite acquis une connotation archéologique (période, culture et « civilisation »). À partir du modèle d’expansion proto-urbaine sud mésopotamien dit d’ « Uruk » (IVe millénaire), le terme proto-élamite a également permis de désigner un phénomène de même nature en Iran entre 3300/3100 et 2800/2600 av. J.-C.. Ces deux phénomènes (Uruk et proto-élamite) sont nettement différenciés : chronologie, culture matérielle, écriture, originalité artistique. Cependant ils sont indubitablement liés. De nouvelles découvertes et recherches poussent aujourd’hui différentes écoles à remettre en cause la construction archéologique du « phénomène Proto-Élamite ». En effet, l’emploi de cette terminologie a été utilisé afin de désigner une théorique généralisation de la « révolution urbaine » sur une aire géographique très importante et sur un temps relativement court. Cette construction permet d’illustrer les bouleversements radicaux dans l’évolution des sociétés iraniennes à cette période, visibles au travers des restes archéologiques. Cependant elle pose de nombreux problèmes méthodologiques.L’objet de cet article est de tester l’existence du concept du « phénomène proto-élamite » comme « phénomène proto-urbain » en Iran du sud-ouest. Nous aborderons ainsi son historiographie complexe, son analogie fragile avec le phénomène urukéen, en nous appuyant sur nos recherches en stratigraphie urbaine et sur le matériel.