26 janvier 2024
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Francine Wild, « La narration épique dans La Pucelle (1656) et dans Clovis (1657) », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.24932
Chapelain et Desmarets ont publié leur épopée à peu d’intervalle, et ils étaient nourris des mêmes théories, ce qui rend intéressant de comparer leurs procédés narratifs. Alors que Chapelain, comme le Tasse, fait un récit chronologique, Desmarets suit Virgile et la règle du début in medias res. Surtout, contrairement à Chapelain, il ne cesse de jouer sur la surprise : suspens et révélations se succèdent. Ils sont bien plus proches l’un de l’autre dans l’utilisation des ornements de la narration, et même du merveilleux, malgré leur opposition sur le merveilleux chrétien. Dans les descriptions, Chapelain se montre plus objectif, exact et abstrait, tandis que Desmarets tente davantage de rendre l’impression produite. L’écart entre eux est plus sensible encore dans la place faite aux passions : chez Desmarets elles sont fortes et caractérisent le héros. Chapelain les voit surtout négativement, et en attribue peu aux héros. Le sens allégorique l’amène aussi à faire d’eux des forces abstraites. C’est donc par l’imaginaire, bien plus que par la théorie, qu’ils diffèrent.