26 janvier 2024
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Anne Mantero, « Poétique et politique dans le Charle Martel de Carel de Sainte-Garde », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.24952
Carel de Sainte-Garde publie tardivement, en 1679, son Charle Martel. Selon l’usage encomiastique du genre, l’épopée célèbre le royaume de France, sa continuité dynastique, et le grand roi régnant. Le choix du héros Childebrand est, quoi qu’ait pu dire Boileau, particulièrement heureux : cet obscur personnage historique était censé garantir aux Capétiens, et par là aux Bourbons, une filiation légitime sur le trône, sans usurpation originelle. La construction de la figure du héros, la disposition de la matière dans le jeu des temps, et aussi les fictions poétiques, dont l’une assure, sous le patronage inattendu de Moïse, l’exaltation des lys français, concourent toutes à ce dessein d’éloge. La part des leçons politiques reste au contraire peu développée ; Louis XIV n’a pas à recevoir d’avertissements, et les idées de croisade contre les Turcs, de monarchie universelle, sont prudemment rejetées aux marges du texte. Mais l’œuvre se recommande encore par sa technique narrative : morcelant le récit épique en chapitres, le dotant d’une vivacité inédite et parfois de brusques effets de focalisation, Sainte-Garde participe à la rénovation de l’écriture fictive qui s’affirme, avec plus d’avenir, dans le roman court et la nouvelle.