26 janvier 2024
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Isabelle Dumont, « Aux intersections de la géographie sociale et de la géohistoire. Dimensions sociales, spatiales et temporelles », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.27852
Au-delà du titre assez général, cette contribution propose des hypothèses de travail pour affronter la question du caractère indissociable des trois dimensions. Elle interroge trois notions chères à la géographie : l’espace, la frontière et l’échelle. Loin d’être incompatibles ou concurrentes, les deux approches, celle de la géographie sociale et celle de la géohistoire, semblent plutôt complémentaires : pour l’une, donner plus de profondeur à l’analyse de l’espace de la géographie sociale et pour l’autre, accorder plus d’attention aux interactions d’échelles en géohistoire. L’approche géohistorique prend davantage en considération l’épaisseur temporelle alors que l’immédiateté temporelle est plus caractéristique de la géographie sociale. Des objets de recherche différents ? Des méthodologies différentes ? Oui, probablement, mais cela ne signifie pas que ces différences doivent être vues comme des obstacles. L’idée de base n’est pas de juxtaposer les deux approches mais au contraire de les associer dans la construction de l’objet de recherche et surtout dans le processus d’analyse. Examiner l’évolution historique des phénomènes socio-spatiaux permettrait, d’une part de distinguer les éléments structurels et conjoncturels, et d’autre part de tenter d’expliquer comment et pourquoi ces phénomènes se sont différenciés dans des territoires divers. Dans l’autre sens, il est important de prêter davantage attention aux expressions socio-spatiales variées, inégales et hiérarchisées, prenant en considération les aspects fonctionnels du quotidien (habiter, travailler, etc.) et les interactions qui les influencent. La géographie, comme science sociale, rend compte de l’organisation évolutive de l’espace en tant que résultante des dynamiques « naturelles », des dynamiques socio-économiques, des idéologies politiques successives, mais surtout des tensions et des contrastes qui se produisent à des niveaux multiscalaires ou transcalaires (tenant compte de l’indissociabilité des dimensions spatiale, sociale et temporelle).