26 mars 2024
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Marie-Céline Isaïa, « Les hagiographes de la Normandie ducale ou le passé sans histoire », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.30722
Cinquante Vitae ont été écrites en Normandie ducale, pour moitié aux Xe-XIe siècles, pour moitié au XIIe siècle. Celles de la première période ont toutes pris le passé le plus reculé pour cadre, et à une large majorité le VIIe siècle mérovingien. Or bien qu’exclusivement tournées vers un passé lointain, ces Vitae tranchent avec l’écriture hagiographique-historiographique du IXe siècle : on n’y trouve notamment ni armature chronologique solide, ni utilisation de sources historiques ou diplomatiques. Cette rupture bien perceptible entre l’hagiographie normande carolingienne et l’hagiographie de Normandie ducale ne peut pas être mécaniquement liée à un abaissement du niveau culturel : elle reflète plutôt une mise à distance du grand récit historique franco-centré, au prix d’une idéalisation de la royauté mérovingienne. Du reste, l’autonomisation de l’écriture hagiographique à partir du Xe siècle par rapport à l’écriture de l’histoire n’est pas limitée à la Normandie.