29 mars 2024
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Alain Chartrain et al., « 19. Vers une archéologie du sel en Languedoc-Roussillon », Presses universitaires de Franche-Comté, ID : 10.4000/books.pufc.25747
Tandis que, ces dernières décennies, de la Saintonge à la baie de Somme, les recherches se sont multipliées sur la production de sel, le Languedoc présente aujourd’hui une Antiquité et un Âge du Fer paradoxalement sans archéologie, ni du fer, ni du sel, malgré les pages fondatrices de Fernand Benoît en 1965. En prélude à son lancement à travers un projet collectif, on pose ici la nécessité et l’urgence de développer une telle recherche, nécessairement diachronique. Le Languedoc présente en effet une variété d’indices du potentiel salinier sinon de son exploitation : sources salées, terrains sédimentaires miocènes, anciens étangs saumâtres et lagunes, salines médiévales et antiques, sites néolithiques tels celui de Boujan-sur-Libron. À partir d’un répertoire et de cartes, on souligne la répartition non strictement côtière de ce potentiel salifère et on questionne quelques concentrations particulières de richesses. On s’interroge sur l’absence apparente de production ignigène (certaines céramiques sont sans doute à réexaminer) et sur son articulation possible, dans le temps ou l’organisation sociale, avec les salines attestées depuis l’Antiquité (lato sensu). Une véritable archéologie du sel implique probablement des démarches directes (fouille de zones salines et de sites, diagnostics sur des terres basses avec atterrissements ayant piégé des areae salinae, mise en rapport de vestiges tels que bassins, amphores et résidus de poisson) comme par des approches indirectes (cortèges végétaux ou de conchyo- et malaco- faunes typiques du milieu salin). Enfin la réintroduction du sel dans l’archéologie méridionale conduit à interroger sous un angle nouveau un certain nombre de sites : ainsi, des salines antiques du Narbonnais aux liens entre le sel et les abbayes carolingiennes ou encore aux salins médiévaux du littoral, tout concourt à faire du Golfe du Lion un lieu majeur et ancien de production saline. Comment dans un tel contexte ne pas lire Lattes du point de vue du sel ? Jusqu’à envisager à titre d’hypothèse de travail Lattara comme centre d’un possible district saunier. Jusqu’à proposer aussi d’examiner le rôle possible du sel dans la réussite urbaine médiévale montpelliéraine.