La colonie pénitentiaire : exotisme et altérité dans Soupir d’Ananda Devi

Résumé 0

Le rapport que les narrateurs postcoloniaux entretiennent avec l’exotisme est, le plus souvent, passé sous silence par la critique. Tout se passe comme si l’exotisme, moteur de l’écriture coloniale et des premiers romans ethnographiques, était incompatible avec le statut contestataire de l’auteur postcolonial. Or, souvent exilé ou formé en Occident, l’auteur postcolonial promène un regard de plus en plus étranger sur ses origines en raison de son nomadisme esthétique, culturel et intellectuel. Dans leur recherche d’un lieu de parole qui permette d’articuler l’expérience du local et celle du global, les auteurs postcoloniaux sont par conséquent confrontés d’une manière ou d’une autre aux clichés et aux stéréotypes qui circulent sur leur (s) culture (s). L’œuvre d’Ananda Devi pose avec acuité la question de la place de l’exotisme (Affergan 1987, Moura 1998, 2002, Forsdick 2005) et de la stéréotypie (Amossy 1982, 1991) dans les littératures émergentes. Dans ce travail, nous procéderons à une étude des composantes formelles et thématiques d’un nouvel espace d’écriture, que nous nommons postexotique (Volodine) dans Soupir d’Ananda Devi. Nous montrerons que, tout en se servant des stéréotypes établis, cet espace d’écriture se propose de les démonter pour se construire à partir d’une relecture des lieux communs liés à l’insularité comme refuge et aux connotations édéniques liées aux îles. Un examen approfondi des stratégies de renversement des stéréotypes— ironie, parodie, dérision—et de réappropriation de l’exotisme mettra en évidence leur rôle fondamental dans la construction de la nouvelle identité littéraire insulaire proposée par Devi.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en