9 décembre 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Giovanni Florio, « Du fascicule processuel à la création d’un culte », Presses universitaires de Provence, ID : 10.4000/books.pup.17712
Le 1er mai 1486, l’église démolie de saint Pierre in Lamentese, située non loin de Lonigo, dans le district de Vicence, fut le théâtre d’un fait de sang et de blasphème. Deux cordonniers de Vérone assassinèrent un de leurs compagnons, le spolièrent et se séparèrent dans la petite église pour se répartir le butin. En outre, un des assassins balafra le visage de la Madone peinte à l’intérieur de l’église : selon la tradition, l’image de la Vierge aurait changé sa place et secrété du sang. Suite au miracle, les moines olivétains, propriétaires de l’église de saint Pierre, envoyèrent à Lonigo une de leurs communautés avec la tâche de reconstruire l’édifice et d’en faire un sanctuaire marial avec le titre de sainte Marie des Miracles de Lonigo. La construction du sanctuaire eut un impact considérable sur l’histoire, les arts, la dévotion et l’économie du Bas-Vicentin. En 1605, l’olivétain Giovan Domenico Bertani fit imprimer une Historia de la Madone de Lonigo. Ayant l’intention de rappeler la validité du prodige dans un climat culturel fondamentalement hostile aux formes de miracles populaires, Bertani choisit de construire sa narration hagiographique en se fondant sur des documents d’archives (procès). L’ouvrage de Bertani contribua à conférer une forme canonique au récit du prodige de 1486 et de la genèse du sanctuaire de sainte Marie des Miracles de Lonigo.