17 décembre 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Emmanuelle Garnier, « L’externalisation de la fabrique du sens dans la dramaturgie de Lluïsa Cunillé », Presses universitaires de Provence, ID : 10.4000/books.pup.21382
La présente étude s’intéresse à cette poétique de la soustraction pointée par José Sanchis Sinisterra dans la production de la dramaturge catalane, en particulier dans Vacants, une œuvre éditée en 2000. En s’appuyant sur les travaux de l’analyse interactionnelle (Kerbrat-Orecchioni), elle montre comment l’auteure intervient au niveau de la double énonciation théâtrale (et notamment sur le segment énonciatif scène-salle) pour filtrer habilement les ingrédients du contexte (Brown et Frazer), ceux-là mêmes qui permettent traditionnellement à ce participant silencieux qu’est le lecteur-spectateur d’accéder au sens délivré par l’œuvre elle-même. Privé d’indices de contextualisation, le récepteur extra-fictionnel est ainsi condamné à voir la fabrique du sens entièrement délocalisée de la scène à cet « Ailleurs » qu’est sa propre imagination. Là, il pourra – ou non – produire du signifié, sur la base ténue et délicate des quelques indices disséminés par la dramaturge, des indices extrêmement orientés vers le concept de vacance – comme l’annonce le titre même de la pièce. Dès lors, il se demandera sans doute si le vide fait sens ou si le sens lui-même est vacant…