19 novembre 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Rodríguez Lázaro Nuria, « L’œuvre en vers de Claude Esteban », Presses universitaires de Provence, ID : 10.4000/books.pup.8388
De mère française et de père espagnol, le poète Claude Esteban s’est souvent exprimé sur son sentiment douloureux de division, une sorte d’impression de vivre en exil dans le langage. C’est dans Le partage des mots qu’il retrace la blessure de l’impossible bilinguisme et parle de cette impression d’être toujours Ailleurs, c’est-à-dire, jamais à la bonne place. S’il se sentait français pendant les vacances d’été à Bilbao, avec ses cousins, en tension permanente de peur d’être trahi par son accent de « franchute », et il se sentait espagnol lorsqu’il essayait de cacher ses origines ibériques dans la très sélecte École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, c’est dans le territoire de la poésie qu’il trouve enfin sa place, une sorte de patrie où le moi rassemblera les morceaux de cet être divisé donnant lieu au personnage poétique Claude Esteban. Une fois trouvée cette véritable appartenance, le poète s’adonnera à décrire cet Ailleurs, le genre poétique, « Un lieu hors de tout lieu », tel que le suggère le titre de l’un de ses essais sur la poésie. L’objet de l’étude est de montrer le caractère essentiel de l’Ailleurs dans cette œuvre riche et complexe.