Ausiàs March (1400-1459) et l’impossible Ailleurs

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19 novembre 2020

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Marie-Claire Zimmerman, « Ausiàs March (1400-1459) et l’impossible Ailleurs », Presses universitaires de Provence, ID : 10.4000/books.pup.8413


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Le Valencien Ausiàs March (1400-1459) est le premier poète qui ait écrit une œuvre en langue catalane (128 textes) et non en occitan comme ses prédécesseurs. Il y a donc en ce cas un « Ailleurs » de la langue, mais cette langue était malgré tout celle de l’« ici », parlée quotidiennement. Le locuteur reste certes marqué par la tradition troubadouresque, puisqu’il utilise le décasyllabe et le huitain, mais, il échappe à toute classification parce qu’il est en profond désaccord avec son temps et, plus généralement, avec tout. D’où un premier aspect de son œuvre qui consiste à poétiser l’idée de la fuite, loin d’ici, pour aller, spatialement Ailleurs. Les comparaisons et métaphores mettent en scène un locuteur qui s’arrache à la foule pour aller vers des lieux dangereux qui sont autant de pièges (XIII). Le moi ne peut jamais rejoindre l’Ailleurs où il penserait être sauvé : on signalera la profusion des images marines (CI, CII, CIV, CXXVIII) et la désignation des lieux secrets et obscurs. On observera en un deuxième temps que la mort, le néant (« no-res »), le problématique Au-delà, sont également d’autres formes de l’Ailleurs, mais il s’agit là de rêves inaccomplis, irréalisables, à relire en fonction de la foi exprimée dans le Cant espiritual (CV). Enfin, l’Ailleurs existe peut-être, mais il est impossible, hors-langage, et il ne saurait s’exprimer par des mots. Quelques images de retour (XLVI) laissent supposer qu’il y eut un Ailleurs, mais que l’ici reste improbable. Dans d’autres comparaisons, le locuteur décide fermement d’aller vers l’Ailleurs (CXI), mais aussitôt il est contraint de se taire. À la fin de l’œuvre, le CXIV évoque une immobilisation définitive, l’absence de tout chemin (CXXVII), mais, au même moment, le poète signe de son nom (CXIV) et rappelle que la poésie, pour être, exige le silence (CXXVII). L’Ailleurs est donc chez Ausiàs March le signe d’une poétique qui fait de l’ellipse la clef de l’intensité, ce qui laisse entendre l’absolue nécessité d’une présence des lecteurs et des auditeurs.

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