10 septembre 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Annie Blanc et al., « Dosage des éléments en trace des calcaires au service de l’archéologie », Presses universitaires de Perpignan, ID : 10.4000/books.pupvd.33589
Un grand nombre de carrières ouvertes dans les calcaires lutétiens du Bassin parisien ont donné la pierre de construction et de décoration des monuments, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Afin de déterminer la provenance des pierres utilisées dans les maçonneries et en sculpture dans les monuments, une équipe de géologues et d’archéologues ont étudié plus de 300 carrières et récolté environ 2300 échantillons. L’observation à l’œil nu et au microscope permet aux géologues de distinguer les calcaires lutétiens de ceux du Crétacé ou du Jurassique. Les géologues tentent aussi de proposer des hypothèses sur les carrières d’origine des calcaires lutétiens utilisés dans les monuments de la région parisienne. Dans cette recherche de la provenance des pierres de construction et de sculpture, les méthodes d’analyses des géologues se heurtent à des limites, car plusieurs carrières peuvent donner le même lithofaciès. Un nouvel outil a été mis au point pour répondre aux questions soulevées par les historiens d’art. Étant donné que les calcaires de différentes carrières ont des concentrations en éléments en trace spécifiques, les analyses par activation neutronique vont permettre de comparer les compositions des pierres de construction ou statuaire d’un monument avec celles des carrières ou d’un autre monument. À l’aide de programmes informatiques, les cartes d’identité de la composition des calcaires lutétiens ont été établies et stockées dans une base de données. La base de données des calcaires contient les compositions d’environ 2250 échantillons provenant de monuments, de sculptures et de carrières. Elle est particulièrement riche en analyses sur le Bassin parisien. Cette méthode analytique se pratique au Brookhaven National Laboratory, à partir de poudres de calcaires et de standard, exposés à un flux de neutrons. Les analyses des pourcentages en éléments en trace ont permis de distinguer les calcaires lutétiens de la construction médiévale, de ceux des restaurations du XIXe siècle, à la basilique de Saint-Denis. Elles ont permis aussi d’établir que le calcaire fin, utilisé pour la sculpture à Notre-Dame de Paris, a été pris plutôt dans les anciennes carrières de Charenton (à l’est de Paris) qu’en des sites plus à l’ouest. Des calcaires du Languedoc ont aussi été analysés pour comparer ceux des carrières du Bois de Lens et de Saint-Martin-de-Londres, avec les sculptures de Saint-Guilhem-le-Désert. Les perspectives du projet sont de faire plus d’analyses sur des éléments des musées américains et français. Plus nombreuses seront les analyses dans la base de données, plus utiles seront nos réponses aux questions des conservateurs et historiens d’art.