4 juin 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Catalina Girbea, « Filiations diaboliques dans le roman médiéval du xiiie siècle », Presses universitaires de Rennes, ID : 10.4000/books.pur.44799
À la différence d’autres genres littéraires, le roman médiéval du XIIIe siècle tend à valoriser l’enfant illégitime, qu’il s’agisse de bâtards adultérins ou de fils naturels, à l’exception des enfants issus d’unions incestueuses. La situation de Merlin dans les romans cycliques et sa réécriture par Baudouin Butor permet de dégager des mécanismes de plusieurs catégories qui expliquent cette mise en valeur. D’une part des coordonnées esthétiques et mythiques génèrent l’élaboration de récits romanesques hybrides, des « récits bâtards », où la naissance surnaturelle est exploitée d’un point de vue littéraire. D’autre part, la fiction romanesque fournit, dans ce cas comme dans d’autres, l’occasion de problématiser le fonctionnement de la société médiévale, des alliances matrimoniales essentiellement endogames, le conditionnement par le fief et la seigneurie. La réception du motif de la conception diabolique telle que l’iconographie des manuscrits la présente jusqu’à la fin du Moyen Âge témoigne d’une permanente oscillation du regard porté sur le bâtard.