Éléments d’une dramaturgie du merveilleux

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Dans les premières tragédies de sa carrière, Corneille trace les contours de ce qui va devenir un de ses principaux postulats poétiques : l’événement tragique est nécessairement porteur d’une dimension fondamentalement invraisemblable. Dans un premier temps, il apparaît que le dramaturge utilise le merveilleux précisément pour organiser un contexte favorable à la mise en place du geste sublime, en désignant la rupture de la vraisemblance, et par là-même en la préparant et en la rendant acceptable. Nous voulons en particulier étudier la composition et l’inscription dramaturgique de certains personnages féminins : Camille, Livie, Pauline, relues à partir d’une remarque postérieure du dramaturge sur Médée. Mais en utilisant ces personnages situés en marge de l’action héroïque, de l’aventure qui a partie liée avec l’extraordinaire (le parricide d’Horace, la clémence d’Auguste) voire le miracle (la conversion de Polyeucte), et surtout en exploitant délibérément un imaginaire commun qui lie ces personnages au merveilleux par le biais de leur adhésion à l’irrationnel, de leur croyance aux songes, Corneille explore aussi les limites de la croyance. Notre hypothèse serait qu’il la met en scène afin d’interroger la place même du spectateur : le dramaturge scrute les mécanismes de l’adhésion du spectateur, de tout spectateur – qu’il soit dans la fiction ou dans la salle – à une action, à un événement qui était le moins susceptible de la susciter.

In the first tragedies of his career, Corneille sketches the outline of what will become one of his main poetic postulates: the tragic event necessarily possesses a dimension which is fundamentally unbelievable. Initially, the playwright appears to use the fantastic to establish a context that will allow him to introduce a sublime gesture; by indicating a rupture in plausibility, he prepares the way for such a gesture and renders it acceptable. In particular, we would life to study the composition and dramatic writing of certain female characters: Camille, Livie and Pauline, reviewed in light of a later comment by the playwright concerning Médée. By using these characters who are situated on the periphery of the heroic action which is Unfed to the extraordinary (Horace’s parricide, Auguste’s mercy) or even the miraculous (Polyeucte’s conversion), and above all by making deliberate use of a shared imagination which bonds these characters to the fantastic through their allegiance to the irrational and their belief in dreams, Corneille also explores the limits of faith. Our hypothesis is that he presents faith on the stage in order to investigate the role of the spectator: the playwright is examining the mechanisms which lead the spectator— whether he is in the story or the audience—to believe in the least probable acts and events.

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