20 décembre 2019
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Francis Balace, « Les Camelots du Roi. Une jeunesse contestataire et dérangeante dans le roman français : 1908-1914 », Presses universitaires du Septentrion, ID : 10.4000/books.septentrion.44460
L’actualité des années 1908-1914 est remplie des « exploits » des Camelots du Roi qui agitent le Quartier Latin, conspuent ou giflent les hommes politiques et les intellectuels qui leur déplaisent et endommagent les statues élevées aux pontifes de la République et de la laïcité triomphante. Ce sont les milieux conservateurs et les organisations monarchistes traditionnelles (qui se contentaient d’exister sans agir) qui s’en émeuvent le plus, craignant que la réprobation ou la répression ne nuisent à leurs intérêts et à ceux du prétendant. La volonté de l’AF et des Camelots « d’aller au peuple » et de trouver des alliés dans d’autres milieux tout aussi contestataires de l’ordre établi, ses velléités de « socialisme monarchiste » les indignent encore plus. Il est remarquable de constater que le phénomène « Camelot » a débouché sur la publication pour la période envisagée d’au moins cinq romans « à clé » brodant à l’envi sur ces thèmes, sortis de la plume d’un prolixe auteur « bien parisien » comme Abel Hermant, d’une infatigable polygraphe comme Gyp (avec ses obsessions antisémites et bonapartistes) ou du tandem Landre-d’Abzac, auteurs moins connus mais qui ont le mérite de dresser un catalogue de ce que l’on pouvait, à droite, reprocher aux Camelots. L’AF et ces derniers sortiront vainqueurs, parce qu’indispensables, de la crise ouverte avec le prétendant et obtiendront, peut-être en renonçant aux provocations les plus voyantes, un monopole sur l’action royaliste, largement comme résultat de la médiatisation de leurs actions passées et de la fascination exercée par elles sur la jeunesse.