20 décembre 2019
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Francis Balace, « Classicisme et truculence. Réception littéraire de Charles Maurras et Léon Daudet en Belgique », Presses universitaires du Septentrion, ID : 10.4000/books.septentrion.48974
Malgré le très vif engouement de la jeunesse intellectuelle belge, entre 1919 et 1926, pour les idées et les méthodes de l’Action française et les écrits politiques de Maurras, l’œuvre littéraire de celui-ci a trouvé en Belgique fort peu d’imitateurs, voire d’admirateurs, si ce n’est quand il chantait sa Provence natale. En revanche, le polémiste Léon Daudet jouit de l’avantage de porter un nom connu et d’être apprécié pour ses campagnes contre espions et défaitistes. Cette prépondérance s’affirme encore plus pendant ses vingt-neuf mois d’exil à Bruxelles.L’autodidacte catholique Justin Sauvenier mène une analyse poussée et une vigoureuse défense de son œuvre, malgré le naturalisme voire l’érotisme de certaines pages de Daudet, malgré, aussi, ses imprécations politiques à l’égard du Saint-Siège. À l’opposé, l’abbé Michel fait crime à Daudet et Maurras d’être des méridionaux et de ne rien comprendre aux solides certitudes des « gens du Nord », détenteurs du seul vrai classicisme, celui de l’ordre occidental opposé à l’ordre méditerranéen issu d’Athènes et de Rome via la Provence.Dans les années trente cependant, l’astre de Daudet pâlit au profit de Maurras dont les œuvres poétiques empreintes de classicisme reçoivent un succès d’estime mais qui sera surtout célébré pour des dons d’invective supérieurs à ceux de Daudet car s’insérant dans une démarche raisonnée et logique. Ultime avatar, le maurrassien belge Paul Dresse de Lébioles regrettera que la mort de Daudet l’ait empêché de retenir le maître de Martigues sur la voie de l’erreur fatale.