9 mai 2017
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Éric Fougère, « Errance et passage à la limite », Carnets, ID : 10.4000/carnets.2230
La frontière instaure une relation d’identité paradoxale : il y a deux côtés qui participent à la fois de ce qui sépare et de ce qui relie. Ces deux moitiés, rabattues, s’annulent et font place à l’errance : autant la frontière est en effet ce qui territorialise, autant son passage est ce qui désoriente. On distinguera cependant l’errance et le passage. Ici mouvement sans fin dans les marges, et là carrefour à la croisée de marques inventées par des chemins. Le passage implique un limen, où l’errance induit par défaut le limes. Un seuil est celui de l’île où, chez Le Clézio, des migrants sont internés pour être ensuite embarqués vers l’île Maurice. Une limite est le pont qu’empruntent les personnages de McCarthy pour franchir la frontière américano-mexicaine. Au lieu du but affiché (retour à des origines incertaines au contact d’un ailleurs), on touche à des limites où le dépassement révèle un envers intérieur amenant l’homme au bout de lui-même. Il n’y a pas de retour à l’endroit. Seul est ce qui s’enlève.