11 juin 2014
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0290-7402
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2261-4184
https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Katherine Nazloglou, « Problèmes d’intégration et de quête identitaire des réfugiés grecs de Turquie en milieu urbain (Athènes-Le Pirée) de 1922 au début des années 1930 : quelques exemples », Cahiers balkaniques, ID : 10.4000/ceb.5041
« Être un réfugié » est-ce un vecteur d’identification ? Est-ce une identité propre ? Cela permet-il une intégration, une fusion dans la société et l’État ? Le cas des réfugiés de Turquie (1,3 million) est particulier : originaires de régions différentes de l’Empire ottoman, chaque groupe s’étant structuré dans ses spécificités propres, ils sont, certes, déracinés, mais vont vers l’État qui constitue a priori leur « mère patrie ». Celui-ci va devoir rapidement et dans l’urgence mettre en œuvre diverses politiques visant à les intégrer. Des processus sont mis en place, mais une identité propre, qu’il faut interroger, émerge, entre mémoire et adaptation, dans la construction d’un « nous » qui se définit par rapport à, voire face à « eux », et non pas dans un « on » général. Ce qui pose la question de l’intégration dans l’État et dans la Nation. Conscient des problèmes, des enjeux, mais aussi des opportunités, l’État va mettre en œuvre des processus d’intégration lui permettant d’assurer l’homogénéisation de la population et l’achèvement de l’État-Nation. L’installation devient vecteur d’intégration dans les zones urbaines (comme rurales) où cependant on note qu’il n’y a pas fusion.Une réelle conscience « réfugiée » s’est construite à la rencontre du déracinement et de l’intégration, principalement autour de la vie quotidienne et de la famille, entre conservatisme et modernité politique. Entre leur « être », leur « vécu » spécifique et la conscience revendiquée de leurs différences, ils se savent être les ultimes dépositaires d’une tradition ancrée dans une Histoire achevée. Dans la Grèce en quête d’elle-même des années 1920 et 1930, celle des années de l’après « Grande Catastrophe » puis de la crise, l’intégration économique et politique de cette population à l’État-Nation peut être considérée comme une œuvre originale à laquelle ils ont grandement contribué.