21 février 2022
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Jean-Henri Madeleine, « Le pouvoir en échec : fiction mémorielle et reconstruction littéraire dans Adiós Muchachos de Sergio Ramírez », reCHERches, ID : 10.4000/cher.12059
Pour toute une génération de Latino-américains ainsi que pour une partie de la gauche occidentale, la révolution nicaraguayenne s’offrait comme une réussite tardive et inespérée, après la chute du régime d’Allende et la multiplication des dictatures militaires dans le sous-continent. La guerre civile puis la défaite lors des élections de 1990 (concomitantes à l’effondrement du mur de Berlin) marquent l’échec de ce projet qui s’offrait comme l’une des dernières « utopies au pouvoir ». Sergio Ramírez est l’un des rares écrivains latino-américains à avoir eu un rôle central dans un mouvement révolutionnaire ayant effectivement conquis le pouvoir au xxe siècle. Dans son autobiographie Adiós Muchachos, écrite dix ans après la chute du régime révolutionnaire, l’auteur tente d’inscrire cet échec dans le cadre d’une création littéraire qui rend compte de l’épuisement du « grand récit » marxiste mais aussi du refus d’une littérature post-politique. Son ouvrage dévoile les contradictions propres aux engagements politiques de l’auteur, et les difficultés d’une « écriture de la désillusion » qui s’inscrit au cœur du traitement littéraire de l’échec dans la littérature latino-américaine des vingt dernières années.