De quelques hypothèses sur la joie de L’Oiseau d’or : Brancusi, Mina Loy et Rilke

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13 décembre 2021

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Claire Gheerardyn, « De quelques hypothèses sur la joie de L’Oiseau d’or : Brancusi, Mina Loy et Rilke », reCHERches, ID : 10.4000/cher.5490


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Cet article s’intéresse à la manière dont la poésie prend en charge ce que l’on peut appeler, d’après une formule de Bachelard, « l’auréole imaginaire » émanant des œuvres d’art : non pas les formes en elles-mêmes, mais les suggestions, les affects, et les expériences que ces formes suscitent chez leurs regardeurs. Selon Brancusi, sa sculpture aurait tout particulièrement vocation à créer la joie. Il s’agit d’examiner cette émotion en reliant aux propos tenus au cours de sa vie par Brancusi d’une part un poème de la moderniste américaine Mina Loy, « Brancusi’s Golden Bird » (1921), publié avec une photographie prise par le sculpteur, et, d’autre part, des vers en français de Rilke (1920), qui ne décrivent pas l’œuvre de Brancusi, mais ont été lus comme tels, au point de devenir un poème sur le sculpteur. Chez Loy, l’expérience de la joie prend la forme du ravissement, d’après la définition qu’en donne la philosophe Marianne Massin : à la fois bonheur intense, brutalité d’une épreuve violente, et rapt vers le sacré, instauré notamment par l’« agalma » de la Grèce antique dont la sculpture de Brancusi porterait alors l’héritage. Le ravissement est mouvement. Il ouvre un devenir. Or, l’expérience de la joie, telle que le philosophe Jean-Louis Chrétien la définit, est liée à un mouvement d’amplification et de projection dans l’avenir, présent dans les œuvres telles que Brancusi les envisage. Les poèmes inventent des figures pour ce mouvement imperfectif d’élargissement, et ils en propagent l’élan, travaillant à un devenir continuel de l’œuvre, refusant son achèvement et la vouant à l’inépuisable.

This paper investigates the way poetry considers the « imaginary halo » (Bachelard) emanating from works of art, that is to say, not forms in themselves, but the suggestions, affects and experiences that those forms elicit for their beholders. According to Brancusi, the vocation of his sculpture is to arouse joy. We try to examine this emotion of joy by connecting two poems with remarks and aphorisms by Brancusi: a poem by the American modernist Mina Loy, “Brancusi’s Golden Bird” (1921,) that was published with a photograph taken by the sculptor, and lines written in French by Rilke (1920,) that have been read as an evocation of Brancusi’s sculpture and thus have become a poem about Brancusi. In Loy’s poem, the experience of joy takes the guise of “rapture”, as it is defined by the philosopher Marianne Massin: a feeling of intense pleasure, intermixed with a violent abduction to the sacred, notably triggered by Grecian “agalmata” which might survive in Brancusi’s sculpture. Rapture means movement, constantly evolving. The experience of joy, if we believe the philosopher Jean-Louis Chrétien, springs from a movement of amplification and projection in the future. It is this very movement that animates Brancusi’s sculpture. Poems invent figures for this imperfect movement of enlargement, and they contribute to its momentum, effecting a constant evolution of the work, making it inexhaustible, and refusing to let it come to a completion that would be its end.

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