24 janvier 2014
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0009-8140
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2032-0442
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Maïté Boullosa-Joly, « « Pourquoi serait-on Indiens maintenant ? » », Civilisations, ID : 10.4000/civilisations.3364
De nombreux villages des Andes du Nord-Ouest argentin revendiquent aujourd’hui le nom de « communauté indienne ». Ce statut donne la possibilité d’avoir recours à un cadre juridique spécifique permettant de réclamer des droits sur le territoire que les habitants, en prise avec des conflits agraires, occupent depuis des générations. Des militants sont à la tête de ces mouvements et participent activement au processus d’ethnicisation des demandes sociales qui se généralisent dans la région. Nous verrons cependant que l’identification des paysans andins aux Indiens n’est pas si simple dans un pays où ces derniers ont toujours été invisibilisés et dénigrés. Il s’agira de comprendre comment les militants que nous avons nommés les « passeurs culturels » ont réussi à inverser ce stigmate et à revendiquer cette descendance avec fierté. Ils participent ainsi à lutter contre des rapports de domination locaux et à établir, un tant soit peu, une certaine justice sociale. Nous verrons cependant la façon dont leurs discours, qui ont du succès dans les médias, sont interprétés et vécus par les habitants qui ne sont pas tous disposés à se reconnaitre en un ancêtre considéré comme barbare et non-christianisé. Il s’agira ici de mettre en lumière différentes représentations de l’Indien qui cohabitent et souvent s’entrechoquent dans la société argentine, compliquant ainsi le mouvement d’émancipation initié par les organisations indiennes.