25 janvier 2018
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Edgar Tasia, « Etre étonné. Lorsque le malentendu et l’angoisse nous ancrent dans le terrain », Civilisations, ID : 10.4000/civilisations.4075
Intrinsèquement liés, le malentendu et l’angoisse sont deux expériences auxquelles est souvent confronté l’anthropologue. Elles prennent racine dans le hiatus interactionnel de la rencontre, dans cette confrontation avec l’Autre dont on ne connaît pas (encore) grand-chose. L’observation, la participation, la communication, tous ces outils dont se sert l’anthropologue pour parvenir à faire son travail, sont autant de portes ouvertes au malentendu et à l’angoisse. Sur le terrain, l’anthropologue est donc rendu vulnérable aux complications communicationnelles et affectives. Mais, cette condition épistémique « fragile » – condition qu’il s’agira d’étudier plus en détail et d’illustrer par des vignettes tirées de mon terrain ethnographique – est-elle vraiment « malheureuse » ? J’aimerais, dans ce texte, le démentir. En effet, si le malentendu et l’angoisse peuvent poser problème, ils peuvent également jouer un rôle pratique important pour le chercheur en aiguisant ses capacités cognitivo-affectives et en lui permettant d’éduquer son attention, de prolonger l’effort de la concentration et, in fine, d’être plus alerte aux détails et conscient des subtilités de la vie sociale. Dérouté, confus, mal à l’aise, l’anthropologue doit être extrêmement attentif à la situation dans laquelle il est englué pour parvenir à la comprendre et réduire l’angoisse qu’elle engendre.