27 décembre 2015
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Katrien Verveckken et al., « On the development of binominal quantifiers in Spanish: the notion of lexical persistence revisited », CogniTextes, ID : 10.4000/cognitextes.838
La présente étude propose une révision de la conception très répandue selon laquelle les processus de routinisation et, en particulier, de ‘désémantisation’ sont une condition préalable de la grammaticalisation. Pour les approches basées sur l’usage, l’élévation du taux de fréquence (à la fois au niveau des types et des occurrences) découle du processus autant qu’elle y contribue de façon décisive (Bybee 2003: 605). Le raisonnement est le suivant: sous l’effet de la répétition (habituation) l’impact d’un stimulus diminue; une fréquence en hausse entraîne, dès lors, un affaiblissement graduel de la force sémantique (bleaching ou généralisation du sens), pour déboucher sur une perte de transparence sémantique et de compositionalité, c’est-à-dire, sur un changement sémantique. Or, d’une analyse sur corpus portant sur neuf noms quantifieurs de l’espagnol il ressort que non seulement ils présentent une distribution irrégulière mais que, de plus, ils peuvent se grammaticaliser sans pour autant se prêter aux phénomènes typiques de routinisation. Nous montrons que la grammaticalisation des quantifieurs binominaux procède par ‘analogie conceptuellement motivée’ (Delbecque & Verveckken 2014) et tout en soulignant le rôle moteur crucial de la persistance sémantique, nous en reconnaissons la portée encyclopédique (amplifiant ainsi la notion de ‘persistance lexicale’ de Hopper 1991).