6 janvier 2003
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Didier Lapeyronnie, « De l'intégration à la ségrégation », Cultures & conflits, ID : 10.4000/conflits.674
La réapparition de la marginalité urbaine, de l'exclusion et des émeutes dans le paysage social illustre les changements profonds de la nature des sociétés européennes. Depuis la fin du XIXè siècle, le modèle des sociétés nationales a défini très exactement la nature de sociétés intégrées, régulées par des institutions et composées d'individus modernes. Les minorités, les ouvriers et les immigrés se sont ainsi " intégrés " à ces ensembles socionationaux. Aujourd'hui, ce modèle est brisé : la correspondance entre l'économie et la culture n'existe plus. L'intégration socionationale a éclaté, déchirée entre une économie d'exclusion et une culture dont la capacité d'" absorption " s'est accrue. Les comportements sónt devenus " discrétionnaires " et se sont considérablement diversifiés et individualisés. Ils n'entrent plus dans les cadres traditionnels. L'image d'une " intégration " de plus en plus affirmée dans des sociétés modernes a ainsi disparu au profit d'une installation durable dans un mode postnational de ségrégation sociale qui ne croit plus à un possible progrès dans ce sens et où les anciennes catégories politiques contribuent à accroître l'exclusion.