Il faut être au moins deux pour faire bouger les lignes de l’inacceptable

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12 novembre 2011

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Il s’agit de vérifier une hypothèse de Jean-Pierre Cavaillé : « Pour « faire » le libertin, il faut au moins être deux » (« Libertinisme et philosophie : catégorie historiographique et usage des termes dans les sources » in Libertinage et philosophie au xviie siècle 12, Publication de l’université de Saint Etienne, 2010). à travers l’exemple de deux « couples » comprenant chacun un esprit libertin et un apologiste – Cyrano et Pascal ; Bayle et Leibniz –, on a voulu montrer que c’est le plus souvent à travers les contaminations réciproques des positions antagonistes que celles-ci s’exacerbent et que les limites de l’inacceptable sont franchies de part et d’autre.Cyrano et Pascal, sans s’être lus, utilisent les mêmes thématiques : le divertissement, la cironalité universelle, l’immortalité de l’âme et surtout le pari et le « dieu caché ». Chacun tire évidemment ces thèmes vers des conclusions diamétralement opposées : ainsi le sarcasme libertin oblige Pascal à dramatiser le vieux topos apologétique du pari tout en cherchant à le « rationaliser » pendant que la dérision libertine semble  miner par avance cette tentative « désespérée » de convertir l’athée dans un monde où un dieu « sot ou malicieux » joue à « cligne musette ».Bayle et Leibniz, eux, entretiennent un dialogue dans leurs œuvres respectives. Leibniz tente par un discours métaphysique – La Théodicée – de faire barrage aux terribles questions des grands articles sur le mal du Dictionnaire historique et critique de Bayle. Mais il ne comprend pas, quelle que soit la rigueur de son argumentation, que ces articles n’attendent aucune « réponse » : ils mettent seulement en scène l’inanité de toute tentative de mettre la raison au service d’un discours, celui de la théologie ou de la métaphysique apologétique, qui lui impose comme point de départ un dogme qu’elle ne peut interroger, ce qui va à l’encontre du principe même de tout usage de la rationalité philosophique. L’intérêt de l’analyse de telles confrontations serait de montrer que chacun des arguments utilisés ne prend tout son sens que mis en relation avec ceux à qui ils s’opposent. En particulier, il est à regretter que les commentateurs de Pascal aient cru pouvoir faire l’impasse sur la question de l’identité du libertin « anonyme » qui hante ses Pensées.

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