6 mai 2019
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0247-9788
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2109-9421
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Martina Klett-Davies, « Les formes de la peur en ville : LGBTphobie et défiance des quartiers urbains », Droit et Cultures, ID : 10.4000/droitcultures.5239
La sexualité, la classe sociale, l’ethnicité et l’espace sont rarement envisagés sous l’angle de la politique identitaire. Cet article cherche à mettre en évidence et à analyser les tensions et ambivalences en interaction entre classe et ethnicité et les perceptions et peurs des personnes gays, lesbiennes, bisexuelles et trans (LGBT) à l’égard la phobie dans six villes petites et moyennes à travers toute l’Europe. 155 rapports d’entretiens en profondeur ont été analysés dans le cadre d’un projet de recherche de l’Union européenne qui s’intéresse aux expériences d’homophobie et de transphobie. L’analyse explore les perceptions d’hostilité qu’éprouvent les personnes LGBT et conclut que celles-ci apparaissent en relation avec les notions de classe sociale et d’ethnicité. Dans un premier temps, la crainte de la LGBTphobie est replacée dans le contexte des quartiers urbains et cette géographie est définie par la classe et/ou la race. Dans un deuxième temps, le capital social et économique est envisagé comme agissant à la manière d’une « zone tampon » à l’intérieur ou à l’égard de certains quartiers. En troisième lieu, cet article étudie la tension et l’ambivalence entre les peurs psychogéographiques des participants envers l’hostilité et les crimes de haine à l’encontre des personnes LGBT. Il s’agit ici d’examiner comment ceci les place en position de « garde-frontières » de la « nation moderne libérale » sans tenir compte des paradoxes qu’une telle posture engendre par rapport à leur propre reconnaissance par ailleurs. Les identités et marques de reconnaissance des personnes LGBT sont saluées comme des marqueurs de la réalisation d’une inclusion occidentale démocratique contrastant avec les libertés des états religieux « pré-modernes », en particulier ceux qui sont islamiques. Les musulmans sont considérés comme homophobes et ceci est utilisé comme une justification de leur incapacité à participer à « la modernité » même dans le cadre de la migration. Cet article s’intéresse aussi à ceux qui ont intérêt à tenir ce discours moderne/prémoderne.