13 septembre 2022
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Henri Médard, « Old Scandals, New Memories: Mayanja’s Transformation in Buganda (18th-21st centuries) », Les Cahiers d'Afrique de l’Est / The East African Review, ID : 10.4000/eastafrica.1689
Un léopard empaillé vieux de plus d’un siècle, baptisé Mayanja, a été détruit le 16 mars 2010 dans un incendie qui ravageait les tombeaux royaux de Kasubi (Kampala, Ouganda). Ces derniers sont classés parmi les sites du patrimoine mondial de l’Unesco. Mayanja était un léopard, un dieu, une rivière avec des lieux d’exécution qui traversent le cœur du Buganda et un jumeau né d’un inceste royal. Avec le temps, des significations successives ont été attribuées à la rivière. De nouveaux mythes furent nécessaires pour effacer les anciens devenus subversifs. Les mythes sur l’inceste associé à Mayanja se développèrent au XIXe siècle pour camoufler le sanctuaire du roi Kagulu, le plus haï et tyrannique souverain de la mémoire du royaume. Plus encore, leur fonction fut de camoufler la succession de femmes du clan Léopard au pouvoir durant le second quart du xviiie, siècle peu après la chute de Kagulu. La Mayanja est ainsi lieu d’oubli autant que de mémoire.