29 juin 2016
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Nicole Terrien, « Darkness Visible, a Patchwork of Memories, a Patchwork of Identities », Études britanniques contemporaines, ID : 10.4000/ebc.3216
Ancrant l’intrigue de Darkness Visible dans l’histoire de son temps, Golding montre que toute forme de présent contient inévitablement un passé sans limite qui détermine l’avenir. La mémoire effacée par le feu se reconstitue immédiatement, ne serait-ce que par le procédé du récit. Seule la mémoire peut rendre compte de l’absence de la mémoire et donner un sens à cette absence. Ce paradoxe fondateur, mis en scène dans l’intrigue, se trouve élargi au niveau de la structure du roman, qui abandonne la narration à la troisième personne au profit du journal intime. La variation de la texture devient la caractéristique principale du roman avant même qu’une deuxième intrigue ne se substitue à la première. La rupture dans la forme fait écho à une rupture dans le fond, obligeant le lecteur à faire l’expérience d’une sorte de chaos. Par un effort de mémoire, le lecteur peut rassembler les morceaux disparates auxquels la voix narrative donne une certaine épaisseur. Le roman se présente comme un monument rendant hommage à une époque instable, comme seule protection contre la folie. La parole écrite est à la fois l’héritage que l’homme reçoit d’un dieu inconnu et la prière qu’il adresse à ce dieu de ne pas l’oublier et de lui permettre de se souvenir.