29 juin 2016
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Judy Carver, « How can one Record and not Invent? », Études britanniques contemporaines, ID : 10.4000/ebc.3221
J’entends faire usage de mon expérience filiale pour interroger le rapport entre mémoire et imagination dans quatre des romans de mon père. Dans The Pyramid figurent des éléments qui rappellent son vécu: il dépeint des gens qu’il a connus sans véritablement les travestir. Cette absence de “re-configuration” imaginative explique peut-être les faiblesses relatives de cette œuvre, dont les éléments fictifs lui paraissaient plus intrigants que ses souvenirs originels. Pincher Martin, où le personnage principal construit un rocher afin de survivre, est né du souvenir d’une rage de dents et il incombe également au lecteur de reconstituer le roman une fois qu’il a pris connaissance de la fin. Dans Free Fall et To the Ends of the Earth: A Sea Trilogy, mon père propose deux versions d’un souvenir crucial: son propre père, Alec Golding, sur son lit de mort. La première est proche de la réalité, mais son exactitude ne la rend pas moins poignante. La seconde, ressaisie plus radicalement par l’imagination, est plus feutrée. L’ensemble de la Trilogie contient d’autres instances puissantes de remémoration. Le romancier utilise ce qui est à sa portée. Au lecteur, s’il le désire, de faire la part entre mémoire et imagination afin d’entrevoir l’auteur dans un processus de création qui demeure toutefois un mystère.