Le double niveau de la vie selon Antonio Rosmini : le sentiment et l’intelligence

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21 février 2024

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Maurizio Malaguti, « Le double niveau de la vie selon Antonio Rosmini : le sentiment et l’intelligence », Études de lettres, ID : 10.4000/edl.4091


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S’opposant à l’objectivisme matérialiste qui cherche à expliquer la vie par la simple organisation de la matière, Antonio Rosmini (1797-1855) – redevable d’abord de Kant – insiste sur le fait qu’il est impossible d’expliquer le sujet à partir de l’objet. L’objet est présent devant et pour le sujet alors que le sujet est (et demeure toujours) celui pour qui l’objet est présent de sorte qu’il se soustraie à toute saisie objective. Il en est ainsi, selon Rosmini, non seulement du sujet pensant, mais également du sujet sentant : le « sentant » est ce pour lequel le « senti » est présent et ne peut donc être saisi à partir de celui-ci. Or, toujours selon Rosmini – suivant ici à sa manière Aristote –, c’est précisément avec le sentiment que commence la vie comme telle. Mais si Aristote avait réservé le sentiment (ou plutôt la sensation, αἴσθησις) aux animaux, Rosmini l’attribue déjà aux plantes, voire aux éléments les plus simples de la matière. La raison en est que Rosmini cherche à réinterpréter dans un sens moderne l’ancienne notion de substance. A la suite de Leibniz qui avait déjà réinterprété la substance et son unité par le rapport à soi propre au sujet pensant (toute substance est, selon lui, une « monade » pensante se rapportant à soi), Rosmini conçoit la substantialité des premiers éléments de la matière par le rapport à soi propre au sentir qui se sent. Sentant l’étendue de l’espace qu’ils occupent, les premiers éléments, se sentant, se rapportent à eux-mêmes en constituant par là leur unité, soit leur substantialité. Ainsi la matière est-elle au fond déjà vie. Les différentes formes de la vie se constituent alors par l’association des premiers éléments de la matière – association qui devient toujours plus intime et complexe. Naissent ainsi d’abord les formations matérielles, puis les organismes, soit d’abord les plantes susceptibles déjà d’excitation, ensuite les animaux capables de sensation et de mémoire (cf. Aristote) et finalement l’homme. Mais l’homme a encore une autre source par laquelle seule il devient proprement homme. Cette source est la manifestation de l’idée (ἰδέα) qu’il accueille par l’intuition intellective (cf. Aristote) et qui transforme chez lui le principe sentant dans le principe capable de raisonnement (λογισμός) et de réflexion (ou conscience de soi). Cette manifestation de l’idée relève de l’être lui-même qui – selon la tradition platonico-augustinienne – se trouve encore « au delà » (ἐπέκεινα) des idées et qui en est la source cachée divine. Finalement, la vie toute entière, à commencer par celle des premiers éléments matériels, provient, selon Rosmini (qui rejoint ici la Genèse), d’une insufflation de l’esprit divin. La philosophie rosminienne de la matière sentante et vivante demeure ainsi différente de tout hylozoïsme ou panthéisme.

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