Cachez ce viol que je ne saurais voir ?

Résumé Fr En

Dans le débat qui agite le champ académique depuis la fin des années 2010 à propos de la qualification de certains récits littéraires comme des scènes de viol, l’utilisation d’un concept comme celui de « culture du viol » constituerait pour certains et certaines un anachronisme. Cet article cherche à analyser les raisons de ce désaveu, tout en défendant l’utilisation de ce concept en tant qu’« anachronisme contrôlé », à la suite des travaux de Nicole Loraux. Il devient dès lors un outil utile pour penser comment la littérature des siècles anciens contribue à produire les représentations collectives sur un objet comme le viol, tout en invitant la recherche en littérature à réévaluer certains jugements critiques traditionnels concernant la galanterie, la séduction ou le libertinage.

In the debate that has agitated the academic field since the late 2010s concerning the classification of certain literary narratives as rape scenes, the use of a concept such as “rape culture” constitutes for some an anachronism. This article seeks to analyze the reasons for this disavowal, while defending the use of this concept as a “controlled anachronism”, following the work of Nicole Loraux. This concept thus becomes a useful tool for thinking about how centuries-old literature contributes to produce collective representations of an object such as rape, while inviting literary research to re-evaluate certain traditional critical judgments concerning gallantry, seduction or libertinage.