29 novembre 2023
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Marie Hartmann, « Exposer au chaos », Elseneur, ID : 10.4000/elseneur.1609
La monstruosité met à mal les schémas anciens de la représentation. Elle pose avec insistance la question de la figuration : comment exposer l’informe dont le principe même est qu’il résiste à l’appropriation rationnelle, à toute symbolisation et qu’il défait tout ordre imposé. Comme en réponse à cette monstruosité du XXe siècle, Claude Simon fabrique un texte-monstre qui intègre les traces des déflagrations de l’époque mais les déplace sur le champ d’une composition poétique. Le Jardin des Plantes inscrit dans sa trame les béances et les violences de l’époque monstrueuse. Il rend compte des défaillances des systèmes de hiérarchisation et d’organisation ; il met en échec toute tentative de synthèse et de classification. Hétérogène et profus, il déploie ainsi la résistance et la permanence de l’inhumain, de l’autre, du monstre en soi et tel qu’il peut apparaître sous des espèces diverses. Si le locuteur refuse de signer les serments d’ivrognes d’humanistes réunis en congrès, la transposition du chaos du monde dans le désordre composé du récit peut cependant être lue comme un engagement éthique. Ce dernier conduit l’auteur à se confronter à ce monde épars en le composant et le recomposant sans cesse dans l’espace des mots, au risque de sa propre dissolution.