2 avril 2024
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José-Luis Diaz, « La réponse aux anti-critiques. Portrait du critique en créateur, de Baudelaire à Thibaudet (1846-1922) », Elseneur, ID : 10.4000/elseneur.1937
Il s’agit de suivre l’émergence de ce qu’on finira par appeler au début du XXe siècle la « critique artiste » (Thibaudet) ou la « critique des créateurs » (Vandérem) : soit donc une critique nouvelle, qui a pris acte des reproches adressés à la critique tout au long du siècle par les écrivains « anti-critiques ». Au lieu d’une « critique des défauts », exercée par des critiques de profession s’érigeant en juges vétilleux, les écrivains s’attachent alors à promouvoir une « critique des beautés » (Chateaubriand, Hugo), une « critique de poète » ou « d’artiste ». Et, à partir de Baudelaire, ils valorisent la critique pratiquée par les écrivains eux-mêmes au détriment de celle des « critiques purs ». Née dans le camp des écrivains critiques (Balzac, Hugo, Baudelaire, Barbey, Zola, Huysmans…), une telle critique va se trouver peu à peu reprise à leur compte par des critiques écrivains (Sainte-Beuve déjà, puis Jules Lemaître, Remy de Gourmont, etc.), se démarquant de la « critique des professeurs », incarnée à la fin du siècle par Brunetière. À partir des premières décennies du XXe siècle, cette « critique créatrice », en sympathie avec les œuvres, sera reprise à son compte par toute une lignée de critiques : de Thibaudet à Georges Poulet et Jean-Pierre Richard et au tout premier Barthes. Avant que la vague structuraliste ne s’en démarque et ne la prenne à son tour pour cible.