6 avril 2019
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Marco Saraceno, « Les mesures du corps en activité et la concrétisation de l’homme », e-Phaïstos, ID : 10.4000/ephaistos.4499
En partant de la question de la mesure du corps au travail, c'est-à-dire de la façon dans laquelle une structure « objectivement mesurable » conçoit constamment de nouvelles manières de « s’utiliser avec mesure », cet article se propose d’ouvrir une réflexion sur la place de la mesure du corps dans le discours des sciences humaines et sociales abordant l’activité technique. Les sciences humaines et sociales ont en effet trouvé dans la mesure un « objet technique » ambivalent. La mesure est à la fois un instrument technique pour agir sur le réel et un vecteur « d’instrumentalisation » du réel, par lequel un phénomène est « réduit » à une dimension « utile ». La mesure du corps en activité a ainsi été conçue soit dans une perspective critique comme un outil visant à transformer le corps en un instrument docile au service de la production et de l’ordre social capitalistes ; soit, selon une conception inspirée par la psychologie de l’activité comme la production spontanée du sujet qui cherche à utiliser de manière efficace ses schémas psychomoteurs en les adaptant à la situation contingente. L’histoire des techniques permet d’éviter d’opposer de manière dichotomique ces lectures, montrant derrière les mesures du corps au travail les solutions provisoires et toujours en tension par lesquelles le corps a été utilisé au jour le jour par des sujets inscrits dans des ordres sociaux.