Apprendre la nature à l’école primaire française (1867-1909)

Résumé Fr En

L’une des missions fondamentales de l’école de la Troisième République fut d’être l’institutrice de la nation. Mais comment procéder pour que chaque écolier ait « la patrie au cœur » ? Dès 1867, l’idée neuve apportée par les philosophes-pédagogues, pour faire la France, n’était pas d’enseigner l’histoire ou la morale ; c’était d’apprendre la nature. D’où la lancinante cantilène du « miracle naturel de la France » dont l’écho a résonné dans toute la littérature scolaire jusqu’au XXe siècle. En prenant vigoureusement appui sur l’étude de la nature, les contenus disciplinaires bénéficièrent d’une opportune cure de jouvence que le renouvellement des méthodes pédagogiques - promenades, jardins, herbiers, leçons de choses – a accompagnée. Chose plus inattendue, en s’installant dans les salles de classe, l’éducation à la nature a fait émerger ce que l’on peut appeler une « éthique de la nature ».

One of the fundamental missions of the school of the Third Republic was to be the teacher of the nation. But how can we ensure that each schoolchild has "the homeland at heart" ? As early as 1867, the new idea brought by philosophers and teachers to make France was not to teach history or morality ; it was to learn about nature. Hence the haunting cantilena of "the greatness of France", which resonated throughout school literature until the 20th century. However, by vigorously relying on the study of nature, the disciplinary contents benefited from a well-timed rejuvenation that was accompanied by the renewal of pedagogical methods - walks, gardens, herbaria, objects lessons -. More unexpectedly, by moving into the classroom, nature education has led to the emergence of what can be called an "ethics of nature ".