Conservation communautaire et changement de statuts du bonobo dans le Territoire de Bolobo

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30 juin 2015

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Victor Narat et al., « Conservation communautaire et changement de statuts du bonobo dans le Territoire de Bolobo », Revue d’ethnoécologie, ID : 10.4000/ethnoecologie.2206


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Alors que la place des populations locales dans la conservation de l’environnement est largement étudiée et discutée, en pratique l’expression « conservation-communautaire » regroupe une multitude de projets allant d’une dynamique top-down institutionnalisée à une dynamique bottom-up fonctionnant par essai-erreur. Avec la conservation, de nouveaux acteurs apparaissent, des messages diffusent, chacun s’appropriant les idées circulantes à sa manière. Dans le cadre d’une étude interdisciplinaire centrée sur les interactions entre bonobos, humains et habitats dans un espace de conservation communautaire initiée par l’ONG locale Mbou-Mon-Tour dans le Territoire de Bolobo (République Démocratique du Congo), nous nous sommes intéressés aux évolutions du statut du bonobo, animal de normes (au sens de règles édictées par des autorités publiques), animal support de développement économique et animal objet de savoirs locaux et scientifiques. Alors que le respect de l’interdit alimentaire local s’amenuisait, le projet de conservation communautaire a renforcé cet interdit en associant à la coutume locale – le bonobo est un humain ayant fui en forêt en raison de dettes impayées, il est porteur de malchance – les lois nationales et internationales et en créant localement de nouvelles normes (forêts de protections communautaires). La conservation du bonobo est utilisée en tant que moteur de développement. Le bonobo efface ses dettes vis-à-vis de la communauté humaine et devient porteur d’un espoir local, « le diamant de Bolobo ». Les interactions entre les différents acteurs entraînent aussi une hybridation des savoirs locaux et scientifiques, participant à l’évolution des savoirs des uns et des autres. Ces résultats préliminaires concernant les modifications des statuts du bonobo sont probablement un des signes de changements plus profonds. Notre implication locale, à la fois dans la conservation et dans la recherche scientifique centrée sur le bonobo rend difficile une analyse plus poussée des jeux d’acteurs. En revanche, dans la suite, une étude par un anthropologue de la conservation permettrait de compléter cette première analyse pour faire ressortir les lieux de conflits et de tensions ainsi que les lieux de collaborations engendrés par cette dynamique de conservation.

There is a diverse range of community-based conservation projects, from a top-down process with projects initiated by national and international institutions to a bottom-up process based on trial and error. In every conservation project, new actors appear, new messages are spread, and each person takes these messages in their own way. As a part of an interdisciplinary study focused on the interactions between bonobos (Pan paniscus), habitats and humans in a community-based conservation area initiated and led by the Congolese NGO Mbou-Mon-tour in the Bolobo Territory (Democratic Republic of Congo), we analyzed the evolution of the local status of bonobos: bonobos as animals with relevance to legal regimes, economic activities, and ecological research and education. Locally, the MMT conservation project has sought to bolster a waning taboo on the eating of bonobos, complementing it with on bonobos and has strengthened it with national and international laws on bonobo protection. Bonobos are thus central to new rules and norms, including the creation of community defined protected forests. Secondly, whereas bonobos were previously widely seen as negative or unnecessary -because not eaten and associated to a bad omen- they are now considered as a driving force for local development. Finally, the interactions between the different actors (local people, conservationists, scientists…) imply a hybridization of traditional and scientific knowledge, contributing to the evolution of the knowledge of each actor. These preliminary results are probably a sign of deeper changes. Our implication in the conservation project and the development of a long-term study site focused on bonobos constitute challenges for the further analysis of the role played by the different actors. In the future, a study by a conservation anthropologist would allow to complete this first analysis and permit a better understanding of the places of conflicts and of collaborations as regards this conservation project.

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