22 mai 2019
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Marie Brossier, « Au nom du père, du fils et du Sénégal ou comment l’héritage ne fait toujours pas l’héritier en politique », Cahiers d’études africaines, ID : 10.4000/etudesafricaines.26120
Cet article interroge la manière dont l’hérédité se fabrique en politique à partir du projet de succession héréditaire mené au Sénégal entre l’ancien président Abdoulaye Wade (au pouvoir de 2000-2012) et son fils Karim entre 2000 et 2019. Celui-ci repose, d’une part, sur la captation familiale du pouvoir à la tête de l’État (pour le père) et du parti du père (pour le fils) et, d’autre part, sur la construction d’une validation politique et électorale de la filiation et de l’héritier. Certains ont vu dans la trajectoire du fils (positionné au sein du Parti et de l’État, puis disqualifié par une condamnation pour enrichissement illicite et le rejet de sa candidature dans la course à la présidence de 2019), un projet largement contesté puis défait de succession héréditaire. Pourtant, son parcours fait de luttes fratricides avec les « fils » politiques de Wade père, notamment Macky Sall, qui devient président de la République (en 2012 puis à nouveau en février 2019), montre qu’une tentative de succession marquée par un processus de sélection (famille et parti), de contrôle du Parti et d’expériences ministérielles majeures, n’est pas toujours vouée à réussir. Les contraintes majeures que constituent une compétition politique relativement institutionnalisée ainsi qu’une contestation populaire rejetant la naturalisation des rapports politiques à des rapports de parenté comme gage de stabilité montrent que l’héritage (à transmettre) ne suffit pas à faire l’héritier en politique.